Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

L' & ÉGRILLARDE » EN FRANCE 191

quand, bientôt après, elle écrit : « L'affaiblissement du pouvoir monarchique en France menace toutes les monarchies ; » et ce sera bien autre chose après la chute de la royauté et le triomphe du nouveau régime. Il est permis de croire que comme Voronzof, Kotchoubey et beaucoup d’esprits avisés, Catherine, qui se rappelait trop la Jacquerie de Pougatchef pour ne pas en redouter une nouvelle édition, reconnut à la Révolution un caractère européen autant que français.

Du reste, la Révolution n'avait-elle pas manifesté, à un certain moment, un caractère universel, s'attaquant à tous les trônes, et rédigeant la déclaration des droits de l'homme plutôt que des droits du citoyen français ? A la vérité, la Révolution était trop occupée chez elle pourenvoyer en Russie des missionnaires de la parole nouvelle et des agents chargés de conspirer contre la souveraineté impériale. C’est plutôt par les écrits que les idées révolutionnaires auraient pu pénétrer en Russie et se fixer dans les esprits. Catherine échappa à ce péril en interdisant l'entrée de la Russie à tout objet de provenance française. Les journaux et les brochures étaient surtout visés dans cette prohibition. De 41793 à 1796, les Russes et les Français établis en Russie durent done se contenter, pour connaître les affaires de France, de la Gazette de St-Pétershourg, des nouvelles apportées par quelques rares voyageurs, enfin des lettres particulières qu'ils pouvaient recevoir et qui passaient par le fameux cabinet noir.

De 1789 à 1792, la Guzette de St-Pétersbourg avait jeté sur la Constituante et les « savetiers» dela Législative de