Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

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ridicules et d’odieuses calomnies ; elle avait comparé nos plus célèbres orateurs à des comédiens, et l’assemblée elle-même à un théâtre où l'onne jouait que des farces ; elle s'était écriée que Bacchus était le véritable Dieu de la nouvelle liberté française ; et tandis qu’elle portait au pinacle le rôle etles actes des Émigrés, elle avait comparé la journée du 10 août 1792 à la chute de Jérusalem. Mais à partir de la mortde Louis XVI, l'officieuse gazette, — par ordre supérieur, — avait trouvé plus sage de rester muette sur les évènements de Paris.

Quant aux voyageurs ils étaient étroitement surveillés et parfois arrêtés ; on pense bien que la correspon dance était décachetée, et quand le cabinet noir le jugeait nécessaire, supprimée : « On a vu parla perlustration…, dit Khrapovitski dans son journal ; l'Impératrice me donna la perlustration. » On c'est la souveraine, et il n’était pas de lettre soupçonnée de contenir des renseignements utiles ou des idées dites malsaines, qui ne passât par les mains du fameux Pestel, «l’homme du cabinet noir. »

On conviendra que pour un habitant de la Russie de cette époque, les moyens d'informations étaient réduits à bien peu de chose ; aussi n’est-il pas surprenant que Kotchoubey s'adressät souvent à Voronzof pour avoir un supplément de nouvelles. En présence de telles rigueurs, comment la Russie aurait-elle pu être éclairée sur les évènements qui se déroulaient en France ?

C’est même avec des précautions infinies et après s'être entourée des renseignements les plus minutieux, que la Tsarine accueiliit les victimes de la Révolution,