Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

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leçons de La Harpe et ses principes d'égalité, de justice et de fraternité. Le grand-duc Alexandre condamnait, par exemple, le principe de l’hérédité, et affirmait ses préférences pour un régime issu des vœux populaires. (1) Le prince Czartoryski lui-même, imprégné de l'esprit de 1789, était parfois obligé, de modérer son jeune compagnon.

Mais le cas de La Harpe, avons-nous dit, est exceptionnel.On conçoit donc qu'avec ce régime de rigueurs inauguré en 1793, il n’était pas facile à l’action révolutionnaire de se manifester et de se développer en Russie, el à la Révolution d'y faire des adhésions. Kotehoubey nous dit cependant que comme tous les autres pays la Russie comptait quelques partisans des idées nouvelles.

On sait la tournure d'esprit mystique des Russes, et combien sont vives leurs aspirations d’idéal religieux et social. Cette attitude, ou plutôt ce penchant, car il n'y a là rien que de très sincère, étaittout aussi marqué à la fin du XVIII siècle que de nos jours.Les esprits d'aujourd’hui, emportés par la mode ou par besoin intellectuel, ‘ peuvent impunément se laisser aller aux visions mystiques d’un Tolstoi. La Russie en a fini avec les sectes bizarresou ridicules, qui par leurs pratiques extérieures ou le mystère de leurs communications et de leurs intrigues, semblaient vouloir ébranler l'unité de l’orthodoxie toute puissante, et qui par contre-coup portaient atteinte à la souveraineté impériale.

(4) Plus tard Alexandre dira à Napoléon que l'hérédité est un abus de la souveraineté, et c’est Napoléon qui lui soutiendra que cette hérédité est le repos et le bonheur des peuples !