Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

L'« ÉGRILLARDE » EN FRANCE 197

Vers la fin du règne de Catherine la vogue était surtout aux Martinistes ou francs-maçons; la haute société se laissa entamer par leurs idées et subit leur direction morale. Catherine se préoccupa naturellement de ce mouvement des esprits. « À une génération de gais esprits qui lisaient Voltaire, succédait, à sa grande stupéfaction,une race de pleurnicheurs et de jeüneurs qui mortifiaient leur chair, lisaient des élucubrations pieuses et semblaient vouloir dépasser enaustérité les chartreux » (1).

La franc-maçonnerie, ilest vrai, n’était guidée par aucun fanatisme religieux. Elle s’en prenait surtout aux abus existants, et les plus hauts fonctionnaires comme les plus puissants personnages de l'Empire en faisaient partie. Il était done permis à l’Impératrice de craindre que les idées révolutionnaires ne trouvassent là un terrain tout préparé, et que la franc-maçonnerie ne devint un danger pour l'Etat. « Franc-maçonnerie ou Révolution, aux yeux de l’Impératrice, c'était tout un. » (2) Aussi s’appliqua-t-elle pendant les dernières années deson règne, à se garantir des franes-macçons età les combattre énergiquement.

C’est, il semble, à partirde 1786, que la franc-maçonnerie avait prisen Russie un développement qui pen-

(1) M. Alfred Rambaud a publié dans la Aèevue Bleue plusieurs études d’un haut intérêt sur la Russie de Catherine IE durant les dernières années de son règne. Celle ayant pour titre : Les Libéraux russes et la réaction (1790-1792 (n° du 19 mars 4881) est le travail le plus complet qui ait paru en France sur la franc-maçonnerie russe et les principaux acles de répression de l'Impératrice Catherine.

(2) M. Alfred Rambaud.