Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

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dant plusieurs années n’alla qu’en grandissant. Une note de Novikof, qui fut à la fois le plus ardent propagateur de la culture intellectuelle et des idées de liberté, et un des chefs suprêmes de la franc-maçonnerie, indique que la Russie possédait à cette époque 39 loges appartenant à des types divers. Ce chiffre parait être au dessous de la vérité, car presque toutes les villes de quelque importance, Orel, Revel, Vologda, Arkhangel, Vladimir, Mohilev, Kasan, même en Sibérie, lrkoutsk et Toboisk, avaient leurs loges maçonniques.

11 va sans dire queSt-Pétersbourg et Moscou, «la capitale des mécontents » comme dit Ségur, possédaient les groupes les plus nombreux et les plus actifs. Ces loges étaient en relations entre elles, les frères de chacune d'elles communiquant avec les autres sous des noms d'emprunt. Elles étaient aussi en relations suivies avec les francs-maçons de Suède, d'Angleterre, d'Allemagne surtout. Etait-il invraisemblable de supposer qu'elles étaient aussi en relations avec lesrévolutionnaires de France ? Catherine en fut sans doute persuadée ; les preuves lui manquèrent, il est vrai, et nous savons aujourd’hui que non seulement les francs-maçons, également appelés Martinistes, n'entrèrent pas en relations avec la France révolutionnaire, mais encore qu’ils répudièrentles principesnouveaux. Ils voulaient simplement éclairer la nation et chasser les abus. Néanmoins la franc-maçonnerie formait sur toute l'étendue du territoire russe un réseau ténébreux qui était bien fait pour inquiéter l'Impératrice.

Nous savons, en effet, que la franc-maconnerie inspi-