Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

L'« ÉGRILLARDE » EN FRANCE 199

rait à l'entourage de l'Impératrice une haine violente et une crainte peu dissimulée. Le mystère dont étaient entourés son organisation et le but qu’elle poursuivait, ne pouvait vraiment pas lui attirer les sympathies de la cour ; et c'est ce mystère qui lui fut reproché. Elle n’en recruta pas moins de nombreux adhérents dans le monde officiel. C’est ainsi que nous trouvons, affiliés à la franc-maçonnerie, et y occupant des grades, beaucoup de personnages de la haute société. Par exemple : l'historien Élaguine, qui avait été un des secrétaires de l'Impératrice et des plus chers,mais qu’elle renia et dont elle annonça la mort à Grimm en cestermest « Pour M. Yélaguine, il est mort, et son histoire restera probablement non achevée ; mais il a laissé un fatras inoui sur la maçconnerié qui démontre qu'il était devenu fou. » (4). Et puis : Le prince Kourakine, le prince Nicolas Troubetzkoï, le général d'artillerie Mélissano, le général Tchoulkof, le poëte Khéraskof, les princes Riepnine, Gagarine et Kolovski, un Ivan Tourguénief, grand-père du célèbre romancier, le major Koutousof, le prince Engalytchef, le baron Schreder et bien d'autres.

Il semble que le professeur Schwartz, Lapoukhine et le célèbre publiciste Novikof furent les plus zélés adhérents, les plus convaineus de l'utilité et de la grandeur de lœuvre. Ils jouèrent dans la francmaconnerie le rôle prépondérant. Quand on saura qu'un des secrétaires confidents du grand duc Paul, Plechtchéef, qui sous le règne suivant jouit un

(4) Lettre du 12 janvier 1794,