Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

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et les abus qui n'avaient jamais complètement disparu. se propagèrent en Russie. Au lieu de se cacher dans l'ombre, ils se montrèrent au grand jour, avec un cynisme rare. Langeron qui ne s'étonne pas facilement, en est déconcerté, et Rostoptchine, l'ennemi des libéraux, nous en fait l’aveu.

C'est Rostoptchine qui nous apprendra que les vols de Ribas dépassent 500.000 roubles par an,et il wya pas que Ribas qui vive de prévarications. En février 1796 Rostoptchine écrira à Semen Voronzof : « On fait des horreurs dans l’intérieur du pays. Jamais le erime n’a marehé la tête levéecomme à présent. L'impunité et l'audace sont au comble. » Et il nous dira qu’un certain Kavalinsky, jadis chassé par l’Impératrice pour vols et rapines, vient d'obtenir un poste de gouverneur, parce qu'il a un polisson de frère qui est Directeur de la chancellerie du favori Platon Zoubof. Et c'est Rostoptchine qui à la date du 8 décembre 1795 écrira cette piquante et suggestive anecdote : « Il est arrivé avant-hier une histoire horrible au beau-frère de M. Zinowief. C’est un M. Doubiansky, qui a été page de la chambre, capitaine aux gardes et en dernier lieu conseiller à la Banque et chevalier de Saint-Wladimir.Il vint à un bal bourgeois. En voyant passer une coquine qui a été jadis entretenue par le comte Valérien Zoubof, il dit à celui avec qui il parlait: « On dit que cette fillese marie ; il faut que son promis prenne bien garde à sa santé. » Quelques minutes après, un officier s’approche de lui, et lui demande s’il a tenu ce propos sur le compte de cette fille, et sur la réponse affirmative de M. Doubtansky il lui