Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

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félicité l'Impératrice de ses dispositions libérales : c’est donc avec l'appui et le concours de sa souveraine qu'il s'était appliqué à réformer les mœurs de ses conlemporains. Novikof apprit à ses dépens ce que pouvait être l’inconstance d'un souverain, Jalousé pour la grande influence qu’il avait dans l'Empire, et pour la concurrence qu'il faisait aux établissements de l'Etat, il n'aurait, cependant, jamais été sérieusement inquiété si la Révolution française n’était pas venue changer les dispositions de Catherine, « Ce fut la Révolution française qui lui porta le coup mortel, » (4) 11 va sans dire que le revirement qui se produisit dans l'esprit de Catherine ne fut pas instantané, et il va sans dire aussi que l’entourage de la souveraine fut pour beaucoup dans la détermination qu'elle prit à l'égard du grand publiciste. Novikof fut d'abord étroitement surveillé : ee n'étaitqu’un demisuccès pour ses ennemis. En 1792 Catherine se décida à un acte de violence. Novikof fut arrêté et dépouillé de ses biens ; ses librairies et.ses établissements furent fermés. Toutes les œuvres dont il était l'âme furent arrétées et brisées.

Le procès de Novikof fut retentissant et pénible. Ce procès d'ailleurs, fut surtout le procès de la franc-maçonnerie. Le mystère des délibérations maçonniques et les caractères secrets de leurs correspondances furent les principaux arguments de l'accusation, les seuls griefs qui purent être relevés à la charge de

(1) M, Alfred Rambaud,