Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

L'« ÉGRILLARDE » EN FRANCE 207

Novikof. Les juges n'en pensèrent pas moins, comme Catherine, que Novikof — qui à tant d'égards aurait pu être proclamé le bienfaiteur de ses concitoyens, — était un danger pour l’Empire ; il fut reconnu coupable et enfermé à Schlüsselbourg, d’où il ne sortit, vieilli et usé, qu’à l'avènement de Paul [°", et pour finir dans une existence misérable et obscure.

On peut donc dire que le procès de Novikof fait pour atteindre etécraser l'œuvredes libéraux russes est l’acte de réaction capital de l’Impératrice qui avait si longtemps émerveillé l'Europe par l'indépendance de ses propos et le libéralisme de son gouvernement. Mais il n’est pas le seul. S'il était seul on pourrait croire que Catherine en frappant Novikof avait voulu frapper la franc-maçonnerie en tant qu’association ténébreuse et se débarrasser de son principal chef. Tandis qu'en réalité, Catherine en s’en prenant à la franc-maçonnerie avait songé à frapper l'œuvre libérale de tous ceux qui ne pensaient pas comme elle. Aussi aucune voix ne s’éleva en Russie pour disculper et défendre le grand publiciste. L'opinion publique resta muette. Tandis qu'en un pays d'individualisme et de liberté, un tel procès eut été l’étincelle qui aurait fait éclater l'incendie, la citadelle de Schlüsselbourg garda son aspect sombre, sans ètre inquiétée par aucun attroupement; aucune pratestation ne se fit entendre; personne ne bougea, Devant une telle indifférence, n'est-il pas logique d'admettre que la Russie de Catherine était peu préparée au développement des idées révolutionnaires ?

Il est deux autres actes de l’Impératrice, parmi bien