Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

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elle les encourage. Ses efforts ne tendent qu'à fortifier l’autorité gouvernementale; tout le monde doit respectueusement s’incliner devant l'autel de sa souveraineté. C’est ainsi que Catherine fut amenée à renier tout son passé libéral.

A côté des faits tragiques et poignants, il en est de plus gais, mais qui révèlent également: à quel point l'Impératrice foule aux pieds le libéralisme du temps jadis. En 1795 nous la voyons faire la chasse à la Société d'Economie politique, qui, sur son invitation, a mis autrefois au concours la question de l'abolition du servase. Et il faut voir de quel air dégagé, et avec quelle hardiesse, — qui, si elle n'était pas sincère, serait de l’effronterie, — elle se vante de ce fait d'armes. « La Société d'Economie politique de Saint-Pétersbourg, écrira-t-elle à Grimm après lui avoir dit que dans les pâtés de Périgueux les truffes brillent par leur absence, m'est connue par les traits de génie qu’elle a produits dès sa naissance; d'abord,après son établissement, elle a rêvé pendant six mois comment avoir de l’argent, et elle est accouchée du sublime trait de génie de venir m'en demander. » Mais, il y a unan, en 1794, Catherine a découvert que l'impression des mémoires de la Société lui coùtait chaque année une centaine de roubles (l); elle a découvert aussi que sous prétexte d’augmentation de frais, la Société a eu l'art, depuis un certain nombre d'années, de lui tirer de la poche jusqu'à 4,000 roubles par an, « dont elle. distribuait des prix à droite ét à gauche, et proposait des questions, les unes plus bêtes et plus oiseuses queles autres, » Et Catherine