Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

212 CATHERINE Il ET LA RÉVOLUTION

Daschkof, présidente de l'Académie des sciences. Celle-ci, dont on connaît l’esprit aventureux et frondeur, rendit les manuscrits de Kniajnine au libraire, sauf la tragédie de Vadim à Novgorod qu’elle publia, aux frais de l’Académie, dans le tome 39 du théâtre russe, après l'avoir communiquée au conseiller de la chancellerie Kazadavlef, « qui n’y trouva rien de contraire aux lois ou à la religion. »

La pièce passa d'abord assez inaperçue; mais le comte Soltykof l’ayant dénoncée au favori Zoubof comme étant « fort dangereuse dans le temps présent, » le grand maïtre de la police reçut ordre aussitôt, c'était en 1793, — de saisir le volume, et le Procureur général du Sénat de faire une enquête. Ce qui fut fait. La comtesse Daschkof se rendit au Palais, et eut avec l’Impératrice une scène assez vive qu’elle nous raconte dans ses Mémoires : « Qu'ai-je donc fait, lui dit limpératrice, pour que vous publiiez contre moi et mon autorité des maximes dangereuses ? » « Moi, Madame répliqua la comtesse Daschkof, non, vous ne le pensez pas.» « Savez-vous, reprit Catherine, que je ferai brûler cette tragédie par la main du bourreau ?» Mme Daschkof,persuadée que l'Impératrice agissait sous l'influence de quelqu’un de son entourage, répliqua, à ce qu’elle nous raconte dans ses Mémoires : « Et que m'importe, madame, qu’elle soit brülée par le bourreau? Ce n’est pas moi qui aurai l’occasion d’en rougir ; mais, pour l’amour de Dieu, avant que vous fassiez un acte si peu en harmonie avec tout ce que vous faites et dites, lisez la pièce, et vous y trouverez un dénouement que vous-même et