Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

L'« ÉGRILLARDE » EN FRANCE 213

toutes les personnes attachées au gouvernement monarchique pourraient désirer ; mais surtout, souvenez-vous, madame, qu'en la défendant, je n’en suis ni l’auteur, ni celui qui en profitera par sa publication. »

Est-il vrai que la comtesse Daschkof, malgré sa grande liberté de langage vis-à-vis de sa souveraine, lui parla avec cette assurance? Cest Madame Daschkof qui le prétend, et nous ne jurerions pas qu’elle n’ait arrangé le récit pour se donner cette noble attitude de résistance. Toujours est-il, que la comtesse Daschkof fut sur le point de donner sa démission de Présidente de l’Académie des sciences ; elle se ravisa le surlendemain, et alla comme d'habitude au lever de l’'Impératrice qui lui donna sa main à baiser ; la comtesse Daschkof faisant allusion à Ja scène de l’avant-veille lui cita ce proverbe Russe : « Un chat gris avait sauté entre nous, mais il ne faut pas le rappeler ;-» et la réconciliation des deux femmes se fit pleine et entière.

Dans l'intervalle, Catherine avait-elle lu Vadim à Novgorod? Cela est possible, bien qu'en 1793 son ardeur pour les lectures se füt beaucoup ralentie. Néanmoins l'Impératrice mieux informée, se rendit aux prières de la comtesse Daschkof. Vadim à Novgorod ne fut pas brülé de la main du bourreau ; l’ordre de saisie fut même rapporté dans une certaine mesure: le gouvernement impérial se borna à enlever dela cireulation une partie des volumes mis en vente.

Que contenait done de si subversif celte pièce qui se terminait dans une grande apothéose du pouvoir absolu,

en la personne de Rurik, fondateur de l'empire Russe ? } (5