Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

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Quelques tirades sur la liberté et légalité, bien pâles à côté de celles, dans le Mariage de Figaro, que Catherine avait l'habitude d’applaudir à son théâtre de l’'Ermitage. Quel contraste entre la Catherine de 1762 à 1775 et la Catherine de 1790 à 4796! Autant dans la première période elle a flatté l'esprit de liberté et de réformes dans la personne de ses représentants les plus illustres, autant à la fin de sa carrière, se donnant à elle-même un éelatant démenti, elle condamne ceux qui ont continué à suivre le chemin qu’elle avait tracé; et elle couronne sa carrière en proscrivant par des rigueurs excessives et l'arbitraire de sa policelesidées que jadis elle a faites siennes, et auxquelles elle doit sa réputation de souveraine libérale ainsi que son titre de grande Sémiramis du Nord.

Les conséquences de ce revirement furent considérables, C2 régime de rigueurs contre la presse et la librairie étouffa dans son germe l'éveil d’une activité littéraire que la Tsarine avait jadis si puissamment contribué à faire naitre. Il faudra attendre plus de soixante ans, c'est-à-dire la fin de ce régime de répression, pour assister enfin au premier épanouissement de la pensée russe. |

La réaction de Catherine a donc causé à la pensée russe un retard de plus d’un demi-siècle. C’est ainsi que les contradictions s'appellent : après avoir été l’amie des philosophes et la souveraine libérale par excellence, Catherine se fit l'adversaire résolue et implacable de toutes les idées de liberté. Et après avoir fait entrevoir