Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

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se rendait coupable. Elle dira à Choiseul-Goufüer qu’elle n'a jamais souhaité ni ordonné la mort de personne. C’est encore à Sievers qu’elle écrit : « Vous savez mieux que personne comme je déteste toute violence. En toute circonstance j'ai préféré les voies de la douceur et de la modération. » En effet, si elle fit exécuter le faux Pierre II, c'est qu'il y allait de la stabilité de son trône et de sa sécurité personnelle ; en effet, elle adoucit autant que faire se pouvait les rouages de son gouvernement, et parvint à passer aux yeux de l’Europe pour un monarque libéral. Elle n’aboutit, certes pas, à extirper les abus dont l'administration russe était coutumière ; mais elle les connaissait pour la plupart, et s'il en est beaucoup qu’elle toléra parce qu’elle n'aurait su les briser sans courir les plus grand dangers, il en est certains qu'elle supprima. Un jour, outrée de l’'incapacité de plusieurs fonctionnaires, elle s’écria : « Un beau matin je les chasserai tous. » À dire vrai, à la fin de son règne elle laissa les abus prendre le dessus, ce qui amena une corruption extraordinaire ; mais il fut un temps où elle sut réprimer ces abus et se séparer de ses fonctionnaires infidèles où imprévoyants. Ses efforts tendirent done à rendre son gouvernement « juste » et «humain. » Elle n'éclaira pas la nation russe sur ses droits et ses devoirs. À quoi bon ? Le pays n'y éfait pas préparé ; puis reconnaissait-elle des droits au moujik ? Elle ne lui reconnaissait que le devoir d'obéir. Mais elle proeura à la nation quelque bien-être matériel, et lui donna des lueurs de civilisation, en créant des écoles, des instituts, des académies, qui firentretentir au loin le