Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

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on était persuadé, comme de deux et deux qu’ils font quatre. » (1)

C'est à ce moment que Catherine consulte lFEncyelopédie, et s'adresse à son principal collaborateur pour un plan complet d'enseignement : « Mais écoutez un peu, Messieurs les philosophes, qui ne faites point secte, vous seriez des gens charmants, adorables, si vous aviez la charité de dresser un plan d'étude pour les jeunes gens, depuis l’a b e jusqu’à l’université inelusivement. Vous me direz que c’est une indiserétion que de vous demander cela, mais on me dit qu’il faut trois sortes d'écoles, et moi, qui n’ai point étudié et qui n'ai point été à Paris, je n'ai ni science ni esprit, et par conséquent je ne sais point ce qu’il faut apprendre, et où puiser tout cela, si ce n'est chez vous autres. » (2)

Pouvait-elle mieux flatter l’amour-propre des philosophes ? Il en est de même quand elle ajoute : « En attendant que vous acquiesciez ou que vous n’acquiesciez pas à ma prière, je sais ce que je m'en vais faire : Je m'en vais feuilleter l'Encyclopédie; oh! pour sûr jy prendrai par les oreilles tout ce qu’il me faut et ne me faut pas.» De ce dernier mot est-il permis de déduire que Catherine ne se faisait déjà plus d'illusions sur l’œuvre encyclopédique? Ce serait aller bien loin.

On sait que Grimm et Diderot envoyèrent à leur souveraine un traité sur les écoles. « Dès que la gourme de la législomanie sera jetée, écrit-elle à son souffre-dou-

(2) Lettre du 16 mars 1715. 2) Lettre à Grimm du 27 février 1775. Le passage cité s’a dresse à Diderot comme à Grimm,