Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

L'« ÉGRILLARDE » EN FRANCE 51

tique rêve d’une alliance avec la France, l’Autriche et l'Espagne. Ségur,qui est à Pétersbourg,pousse la souveraine dans cette voie. Le gouvernement de Louis XVE s’est laissé convaincre à demi ; il a signé en 1787 avec la Russie un traité de commerce, qui est la première étape de l’œuvre à laquelle ont enfin abouti à l'heure actuelle la diplomatie de la France et celle de la Russie. Il importe pour Catherine d'obtenir davantage, et elle craint que la politique intérieure de la Francen’empèché le roi de souscrire à ses combinaisons.

Comme on pense, la Tsarine s’oceupe beaucoup en 1787 de l'assemblée des notables ; mais elle n’en montre aucune alarme, et même nous retrouvons là les contradictions habituelles de son esprit. Le 4 avril 1787 elle écrit à Grimm : « Pour de votre assemblée de notables, quoiqu’elle fasse honneur aux bonnes intentions du roi, jusqu'iei on n’en a pas grande opinion chez nous. » Le lendemain ell: dira : « L'idée des notables était admirable... » Il est vrai que c'est pour ajouter aussitôt : « Ce qui a fait la fortune de mon assemblée de députés, e*est que j'ai dit : « Tenez, voilà mes principes, dites vos plaintes; où est-ce que le soulier vous blesse? Allons, remédions; je n'ai point de système, je souhaite le bien commun : il fait le mien. Allons, travaillez, faites des projets; voyez où vous en êtes. » Et ils se mirent à visiter, à ramasser les matériaux. à parler, à rèver, à disputer, et votre très humble servante était à écouter et très indifférente pour tout ce qui n’était pas utilité commune et bien commun, »