Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

52 CATHERINE II ET LA RÉVOLUTION

Catherine est persuadée que le roi de France a le sens droit et qu’il veut le bien public; mais est-ce dans ce but qu’il a convoqué ses notables ? Elle pose la question à Grimm : « Mais dites-moi un peu : vos notables, que veulent-ils? Car, pour moi, je n’en sais rien. Je pense qu’on leur demande de l’argent, et alors il n’est pas douteux et fort naturel qu'ils n’ont pas envie d'en donner. » La Tsarine n'est pas fâchée de faire ressortir que si elle a convoqué son assemblée, c'est pour le bien de son peuple, et que si Louis XVI a convoqué la sienne, c’est pour en obtenir de l'argent.

Nous savons, d'ailleurs, par Ségur, qu’elle approuva la réunion des notables. Quand elle apprend,cependant, que Calonne a été remplacé, elle s’écrie qu'avec son assemblée elle n’a jamais eu à déplorer le renvoi forcé d'un ministre.

Les affaires de la cour de France, conduites avec la légèreté, les hésitations et les contradictions que l’on sait, ne pouvaient que péricliter. Dès que les nouvelles de Paris s’assombrissent, Catherine en marque de la mauvaise humeur. Le 29 juin 1787 elle éerit à Grimm : « Allez vous-en avec vos notables ; on ne sait plus sur quoi compter chez vous. Votre M. de Calonne ni aucun autre de chez vous ne me tente; gardez-les pour vous; cela en sait dix fois plus que moi, et fait dix fois plus mal que moi et mes employés, qui avons moins de belles phrases. » Et le 29 novembre : « Dès que chez vous j'entends parler de Parlement, je détourne mon entendement ; tenez, voilà deux rimes, l’une allemande, l’autre française. »