Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

L'« ÉGRILLARDE » EN FRANCE 51

quelconque. Si elle n’a pas pour Messieurs les Anglais une aussi grande confiance que le laisserait croire son inelination naturelle pour le Royaume-Uni, c'est à cause de l'instabilité de leur régime parlementaire.

Faut-il s'étonner que l’'Impératrice de Russie ait si peu prévu et si mal compris la Révolution, quand tant de Français, parmi les plus éclairés, ne surent ni en saisir les causes, ni en prévoir les conséquences, ni en arrêter les effets ?

Langeron, qui parmi les tenants de l'ancien régime fut des plus perspicaces, avoue que les causes de la Révolution furent multiples : « Certainement l'embarras des finances a été la plus instante, et celle qui a précipité le dénouement, mais il avait été préparé pendant cinquante années par la ligue audacieuse et criminelle des philosophes qui avaient sapé tous les fondements de la morale, de la religion, de la subordination et de la fidélité. » (4)

Ainsi parle un des défenseurs les plus éclairés de la royauté. Il compte pour rien ce besoin de s’affranchir du joug, cette soif de liberté, dont furent pris et secoués tous ceux qui n'étaient pas les privilégiés de l'ordre social. Combien d'autres jugèrent la Révolution avec une partialité et une ignorance encore plus révoltantes ! Comme Langeron, Catherine attribua à la cause financière le déchainement de la crise révolutionnaire, Comme Langeron elle s’en prit aux philosophes et aux

(1) Mémoires de Langeron, Archives des Affaires étrangères, Mémoires et Documents, tome XXI.

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