Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

L'& ÉGRILLARDE » EN FRANCE 63

Du reste, Catherine, bien que profondément troublée par la chute de la prison d'Etat, n'en discerne pas la portée. Ce qu'elle éerit le 10 mai 4791 à Grimm montre ses illusions sur le mouvement révolutionnaire et sur le rô!e que joue l’Assemblée Constituante : « Les Etats-Généraux de 1359 ressemblent de mème que la ligue, comme deux gouttes d’eau à tout ce qui se fait présentement; seulement les motifs étaient différents, et la fin de ee siècle a montré que ce XVII siècle tant vanté ne vaut pas un liard plus que ceux qui l’ont précédé. » Si Catherine ne saisit pas en 1791 le rôle des Etats-Généraux, elle l’a saisi bien moinsen 1789; aussi n'est-il pas surprenant que la Gazette de Saint-Pétershourg, qui était la plus ancienne feuille russe, — elle remontait à Pierre lé Grand, — sorte de journal officiel que l’Impératrice, toujours disposée à guider l'opinion et friande de polémiques, inspirait sûrement, (si elle n'y collaborait pas,) après s'être tue sur la convocation des Etats-Généraux et sur leurs premières délibérations, commence, lors de la prise de la Bastille, à s’occuper de nous.

L'article qu’elle fit débute ainsi : « La main tremble d'horreur en écrivant le récit... » La Gazetle de SaintPétersbourg recevait des informations de Paris, qui naturellement émanaient du parti royaliste ; quand les émigrés se pressèrent à la cour de Catherine, ils y collaborèrent sûrement. L'article sur la prise de la Bastille était-il de la souveraine ? Si l’on remarque qu'à partir de ce jour la Gazetie flétrit les événements de France, elle ira jusqu’à traiter les membres de l’Assemblée nationale « d’ânes de la liberté »,— et reflète fidèlement le