Charles de Butré 1724-1805 : un physiocrate tourangeau en Alsace et dans le margraviat de Bade : d'après ses papiers inedits avec de nombreux extraits de sa correspondence...
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ries, remises, jardin et verger » ‘, sise à Niederhaslach, et cela pour une somme tout à fait dérisoire, si nous avons bien compris les notations de son cahier de dépenses *.
L'abbaye de Haslach, célèbre dès le moyen-âge par le pélerinage qu’on y faisait aux reliques de Saint-Florent, avait été dans les années qui précédèrent la Révolution, l’un des chapitres secondaires de la province d’Alsace. Autour de l’antique église, élégamment restaurée de nos jours, s'élevaient des habitations de chanoines, dont quelques-unes subsistent encore aujourd'hui, et donnent un aspect de bien-être au modeste village que connaissent tous les touristes des Vosges, soit qu'ils descendent des hauteurs du Schneeberg vers la plaine, soit qu’ils remontent le cours de la Hasel jusqu’à la chute du Nideck. Ces biens avaient été saisis au profit de la nation, comme tous les domaines ecclésiastiques et un certain nombre d’entre eux avaient été vendus dès 1793. Mais Haslach était alors bien retiré du monde, les paysans des environs trop pauvres et sans doute aussi trop fervents catholiques pour acquérir les terres « volées » à l'Eglise et l’on ne saurait donc s'étonner qu’une partie d’entre elles fussent
1 Nous empruntons cette nomenclature à l’affiche, imprimée chez J.-H. Silbermann, quelques années plus tard, quand, dégoûté de cette villégiature, Butré mit en vente le malencontreux domaine qui lui causait tant de déboires. |
? Nous y lisons en effet : « Achat de ma maison, 159 livres 14 sols ». Mais peut-être était-ce simplement un à-compte, car, encore en 1799, nous rencontrons la mention : « Maison, 100 francs ».
8 Le 28 janvier 1793, le Directoire du département du Bas-Rhin faisait mettre en vente les deux immeubles du prévot Fauller et du chanoine Bellinger, sur une mise à prix de 4,300 livres. Ils furent adjugés en juillet suivant (Affiches de Strasbourg, 26 janvier, 20 juillet 1793). Mais l’abbé Gratrio, dans son ouvrage, Das Breuschthal, etc., p. 337, raconte également, qu’en 1790 une des maisons de chanoine de Haslach, avec verger, jardin et neuf arpents de terres labourables, des plus riches du village, furent vendus pour 500 livres assignats.