Charles de Butré 1724-1805 : un physiocrate tourangeau en Alsace et dans le margraviat de Bade : d'après ses papiers inedits avec de nombreux extraits de sa correspondence...

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larein, comme il a fait de touts autres ouvrages, pris de droite et de gauche, et sans déguiser et changer en rien tout ce qu’il en a pris, il l’a collé, sous le titre d'Avis à un prince qui veut refaire son éducation,' à une seconde édition de certaine lettre du roi de Prusse.’ Cette circonstance, comme vous le pensez bien, m'intéresse à ce que l'ouvrage paraisse en son entier, et je vous le recommande, mon cher monsieur, au nom de l'amitié que j'ai toujours tâché de vous témoigner, et par vous, à mes semblables. Je vous en conjure, ne négligez pas ce point.

« L’abbé* vous a adressé ses premiers cahiers d'Éphémérides et s’il a cessé, c’est sans doute qu’il n’a reçu ni réponse, ni remerciement de vous ni de personne. Il me semble que je l’ai oui s’en plaindre. On est un peu trop dans votre cour comme le rat dans le fromage de Hollande. Il est bon et sage de faire le vieux rat, et quelque déguisement que prenne le démon de la tracasserie politique, de se tenir de fait à l'écart, mais il ne faut pas fermer et portes et fenêtres et se renfermer dans son ressort particulier. Un homme de poids, homme privé, et qui finit sagement par la retraite, conserve néanmoins ses correspondances. Mais un prince éclairé, une cour édifiante ont à cet égard un devoir bien plus positif. Je laisse ce chapitre et omets de dire ce que j’ai pensé à cet égard il y a longtemps. Maïs quant aux Éphémérides, au moins faudrait-il un souvenir et quelque souscription du pays de Bade; ce n’est pas trop exiger.

« Adieu, mon cher monsieur, je vous recommande mon édition, et vous chéris et honore bien sincèrement.

« MIRABEAU. »

? Le vrai titre de la brochure du comte de Mirabeau était: Conseils à un jeune prince qui veut refaire son éducation, 1788, 8°.

2 I] s’agit d’une lettre qui fit alors beaucoup de bruit et que l’auteur de la Monarchie prusienne avait adressée au roi Frédéric-Guillaume II au moment de son avénement.

3 I] s’agit de l'abbé Baudeau, l’infatigable champion de la physiocratie.