Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

CONSTITUANTE (20 FÉVRIER 1700) 83

instruit des démarches qui avaient été faites, ou il s’est rappelé trop vivement la première destination de ces instruments ; on a voulu les brüler, et les voitures qui les transportaient. Il n’y a pas eu d’autres désordres; M. de La Fayette est arrivé à temps pour dissiper la foule et calmer les esprits.

M. de Favras a retenu longtemps les spectateurs; il a resté à l'Hôtel de Ville jusqu’à huit heures, il a protesté de son innocence. Sa dernière confession ne compromet personne, comme on le craignait. M. le duc d'Orléans, dont l’absence et le long silence ont enhardi tant de. libellistes, a recueilli de grands applaudissements pour la lettre qu’il a envoyée à l’Assemblée nationale, qu’il prie d'accepter son serment civique par écrit. La noblesse ne lui pardonnera jamais. Les Parisiens oublieront toutes les satires auxquelles il a été en butte. On lui saura gré, un jour, d'avoir quitté la France dans un moment où le Palais-Royal pouvait inquiéter les Tuileries. S'il était vrai que les fautes de la Cour lui eussent fait concevoir des espérances ambitieuses, il me semble qu’il aurait encore quelque mérite de ne les avoir pas manifestées, de les avoir abandonnées, au moment de la crise violente.

Le sort des religieux qui abandonneront leur cloître est décidé (r):les mendiants auront 7oo livres de pension jusqu'à cinquante ans, 800 livres depuis cinquante ans jusqu’à soixante-dix, et 1.000 livres au-dessus de soixantedix ans. Les religieux non mendiants auront, suivant la même échelle, 900 livres, 1.000 livres et 1.200 livres. On a cru qu’il convenait à l’Assemblée de réparer les abus du despotisme, et l’on a décrété que les jésuites qui n'ont pas, par des pensions ou des bénéfices, un revenu égal au traitement assigné aux religieux de leur classe, en recevront le complément. Le sort des religieux qui

(1) I s'agit du décret des 19 et 20-26 février 1790.