Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

84 CORRESPONDANCE DE THOMAS LINDET

resteront dans les monastères et celui des religieuses ne sont pas encore réglés.

Je vous félicite dela réponse que vous avez reçue de M. de Saint-Priest, de la part du roi, qui a certainement lu votre adresse, qui contient l’expression noble et touchante des sentiments d'amour et de fidélité qu’on aimera à lui représenter comme le fruit de sa démarche. L'Assemblée nationale a applaudi à celle que vous lui avez envoyée (1); mais vous savez qu'elle n’est pas dans l'usage de répondre; et elle ne permet ni aux présidents, ni aux comités, ni aux bureaux, de répondre en son nom, s’il n’y a un décret spécial.

M. de La Fayette, toujours détesté par le parti de l'opposition, est toujours l’objet de la confiance des Parisiens et mérite leur admiration. I1 donne les ordres chez lui et va faire sa cour au roi; il vient à l’Assemblée nationale: il assiste à l'assemblée de la Commune; il fait une revue; il est partout; il sait tout; il prévient, il déconcerte tout; ferme, affable, actif, modéré, son front toujours serein annonce l’impassibilité de son âme.

Je voudrais bien que l'affaire de la féodalité fût encore reculée; mais cela est difficile. Si les affaires du clergé étaient réglées avant qu'on traitât cette matière, j'imagine que le clergé cesserait d’avoir intérêt à ce que les droits féodaux soient rachetés. Peut-être aura-t-il à se. plaindre de la noblesse, et alors il mettrait moins d'opposition à la suppression des treizièmes. Je me suis permis de m’emparer de votre mémoire, de le travestir, et d’en faire une édition dans un style que vous n’auriez pas voulu vous permettre; mais, dans certaines positions, on prend le droit de dire des vérités un peu dures. Quand on sent le danger, il faut peut-être attaquer plus vivement;

(1) Le procès-verbal de la séance de l'Assemblée constituante du 20 février 1790, p. 14, mentionne une adresse des citoyens de Bernay, relative à la prestation du serment civique.