Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

CONSTITUANTE (20 FÉVRIER 1700) 85

au moins il faut multiplier les efforts. Je ne puis encore calculer les opinions qui contrarieront l'avis du Comité ; je persévère à vous donner les espérances etiles conjectures les plus apparentes en faveur de la suppression des banalités sans indemnité.

Je vous remercie, au nom de plusieu s députés du bailliage d'Evreux et au mien, d’avoir mis autant de zèle à nous procurer des témoignages assurés de l’opinion des habitants de la campagne, sur la suppression de la dime. Un mémoire fabriqué dans le diocèse d'Evreux nous inculpait, sinon nominativement, du moins de manière à ne pas nous méconnaîitre.

Je reprends ce soir ma lettre de ce matin. On s'est encore occupé des religieux. On accorde aux frères lais ou convers, 300 livres jusqu’à cinquante ans, 400 livres depuis cinquante ans jusqu'à soixante-dix ans, et 500 livres au-dessus de soixante-dix ans. Les réguliers qui sortiront du cloître demeureront incapables de successions et de donations entre vifs et testamentaires; cependant, ils pourront jouir de pensions ou rentes viagères (1).

On a quitté cet objet, pour s'occuper d'un projet de décret relatif à la réquisition des forces militaires en cas d'émeute. On commençait à le discuter, lorsque le Comité de constitution l’a retiré et en a proposé un second. Messieurs du Comité avaient fait leur premier projet, après avoir trouvé écrit, au fond de quelques bouteilles de vin de Champagne, que la liberté est inadmissible : il est inutile de vous entretenir des idées absurdes, dangereuses et impolitiques qu'il renfermait. Le nouveau projet est bien moins vicieux; peut-être serait-il admissible dans quelques années, mais il est impolitique, dans ce moment, d'imposer une responsabilité sévère aux officiers municipaux et aux communautés; le ministre a insinué

(1) Décret du 20 février-26 mars 1790.