Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

92 CORRESPONDANCE DE THOMAS LINDET

qu’à la longue, une partie de ses habitudes, et qui passe pour avoir de l’argent dont nous avons besoin.

Quant aux nègres, il est malheureux qu'on en aïît tant parlé, et qu’on ne puisse ni qu’on ne doive rien faire pour eux dans cette législature, quels que soient les droîts de l'humanité si indignement violés à leur égard (Arch. Bernay).

XLI. — À R. Lindet. Mardi |23 février 1790].

La séance d'hier fut longue et tumultueuse et sans résultat. On ajourna pour aujourd’hui le décret sur la tranquillité publique, et de suite les décrets à rendre sur les droits féodaux. La maladresse du président, car on attribue à maladresse le défaut de force physique, fit qu'on ne put statuer que les deux décrets ne sortiraient pas l’un sans l’autre. Il est donc réglé qu’on va faire quelques articles explicatifs de la loi martiale et de la responsabilité des communautés qui y étaient déjà mentionnées. Le parti de l'opposition répétera encore aujourd'hui tous ses efforts, pour faire passer des articles funestes à la liberté publique et décourageants pour les nouveaux officiers municipaux.

La journée d’hier offrit une scène singulière et qui prouve quel est l’esprit du parti de l'opposition. Un membre de l’Assemblée, de la gauche du président, se servit à la tribune d’une expression fort dure en parlant contre le projet de déférer la puissance absolue et sans responsabilité au pouvoir exécutif : Ce serait l’autoriser à envoyer des assassins pour empêcher les assassinats (1).Tous les amphithéâtres de la droite furent déserts en un instant; tous les champions,sur le parquet,

(x) C'est Blin qui s’exprima ainsi. Voir le Moniteur, réimpression, t, II, P. 445.