Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

CONSTITUANTE (23 FÉVRIER 1700) 03

s’escrimaient des bras, des pieds et de la langue; un bruit infernal se fit entendre pendant longtemps.

L'orateur fit de vains efforts pour calmer l'orage. On devine qu’une insurrection aussi violente était un rappel à l’ordre pour avoir insulté le roi, l’armée et l’Assemblée. Le côté gauche, jaloux de montrer l’impartialité et de rétablir la police, se leva. Ce mouvement général occasionna une petite interruption des clameurs, pendant laquelle un membre (1)dit: « Nous demandons que l’opinant soit mis à l’ordre et son nom mentionné au procèsverbal ». Le roi soliveau ne fit pas régner plus promptement le silence dans l'empire des grenouilles. L’orateur, profitant du calme, voulut s'expliquer et s'excuser. Le côté droit renouvela ses clameurs. Le côté gauche persévéra à demander qu’il fût mis à l’ordre. Le parti de l'opposition, remis en place, reprit son esprit de contradiction : il ne voulait plus que l’opinant fût rappelé à l’ordre. M. de Foucauld prouva gravement que c'était une servitude personnelle qu’on introduisait après avoir aboli les autres. On employa la question préalable, la motion de passer à l’ordre du jour, la division de l’article. Cet incident coûta une heure et demie à la France, et M. Blin subit une espèce de censure pour une proposition vraie en elle-même, qu'il commenta assez adroitement et modestement, en citant le fait des gardes nationales de Rennes, envoyées pour la défense d'un château pendant la nuit, et, malgré la circonspection qu'on devait attendre de telles troupes, marchant sous de tels ordres; il y eut trois hommes tués, et aucun dégât n'avait été commis. Cette sévérité a eu pour motif de prévenir l’artifice des malveillants, qui auraient renouvelé leurs intrigues pour indisposer l’armée.

Je souhaite que les dissertations sur les droits féodaux ne soient ni aussi longues ni aussi vives qu’il y a lieu de

(x) C'était Menou (Moniteur).