Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

CONSTITUANTE (23 FÉVRIER 1790) 95

aurait pu l'arrêter et ne l’aura pas fait, en répondra sauf le recours contre les auteurs et fauteurs du trouble et la responsabilité sera jugée par les tribunaux des lieux sur la réquisition des directions du district (1).

Voilà, sauf quelques mots déjà changés, la réforme éventuelle de demain, voilà le décret terminé à près de six heures du soir qui a donné une commotion si violente à l’Assemblée, qui a fait trembler les Parisiens. C’est le résultat de la conclusion des idées les plus contradictoires, le moyen terme des deux extrêmes.

Le despotisme n'est pas mort: les aristocrates le nourrissaient dans leur cœur. Il à manqué de ressusciter aujourd'hui. Ruse, violence, déclamations forcenées. voilà les ressources. La loi est faite; il ne s’agit plus que d'empêcher qu’on abuse de ce qu’elle peut avoir de vague, et de ce qui pourrait servir à irriter les peuples. On va travailler les droits féodaux; une des sources des émeutes populaires va donc disparaître.

On s’occupera incessamment du projet de substituer un autre impôt à la gabelle et aux aides.

La nécessité d'éviter l’abus que les malveillants pourraient faire du décret d’aujourd’hui va presser ces deux objets.

Les districts et les départements vont s'organiser; la paix se prépare. Au reste, la peinture des désordres a été exagérée par ceux qui désiraient réintégrer le pouvoir ministériel dans sa puissance illimitée, qui voulaient rendre effrayantes pour tous les bons citoyens les fonctions municipales qu’ils auraient exercées sans concurreuts. J'ignore quels artifices ils vont encore employer, pour écarter les décrets sur les droits féodaux et sur les autres points si urgents de la Constitution. Ils ne tarderont pas à trouver encore quelque courant dans lequel ils

(1) Décret du 23-26 février 1790 concernant la sûreté des”personnes et des proprietés, et la perception des impôts. — Le texte rapporté par Lindet n’est pas littéralement celui du procès-verbal.

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