Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

96 CORRESPONDANCE DE THOMAS LINDET

nous entraîneront et contre lequel il faudra ramer : il est bien incompréhensible que l'intrigue et l'habitude d’être esclave dirigent presque universellement les nouvelles élections. Sans doute que la réunion d’un plus grand nombre d’électeurs pour les assemblées de district et de département attestera mieux le désir et les soins de conserver la liberté.

Le parti prudent et sage que vous avez pris de réclamer l'amitié des municipalités de votre district vous assurera de l'union et de la paix qui y régneront. Je serais fâché que les municipalités composées de noblesse ne vous offrissent pas les mêmes preuves de cordialité, encore plus fâché que le clergé vous donnât encore plus de motifs de défiance. Je suis informé que quelques paroisses voisines d'Orbec, Saint-Mards-de-Fresne, Saint-Germain-Capelle désirent être distraites de votre district. Ménagez l'opinion des habitants qui craignent d’être forcés d'apporter leur blé à votre halle, leur foin à votre marché. J'écris que les habitudes du commerce et de l’agriculture ne seront pas changées; que, dans le cas où l’on voudra faire distraire une paroisse d’un district ou d’un département, il faudra porter ce vœu aux deux départements, qui conviendront des échanges à faire, s’il y a lieu, et qui en référeront à la prochaine légisiature. I1 existe, dans la noblesse et dans le clergé, un très grand nombre de bons citoyens : il faut conjecturer que ceux qui ont été l’objet du choix des peuples sont pris dans cette classe, et d’ailleurs, quand on aura épuisé tous les moyens de ressusciter l’ancien système, toutes les volontés se réuniront pour opérer le bien commun. Lorsque le décret, concernant les droits féodaux sera rendu, je suis persuadé que celui concernant le clergé et celui concernant l'ordre judiciaire éprouveront moins de difficultés.

Les esprits ne se diviseront plus que lorsqu'il s'agira