Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

102 CORRESPONDANCE DE THOMAS LINDET

Les opérations du Comité ecclésiastique seront, je crois, sans résultat; quoiqu’on l'ait renforcé il y a peu de temps, ilest encore bien faible pour le fardeau dont on l'a chargé. Une partie de l'Assemblée voit la banqueroute certaine, les colonies dans un état effrayant d’insurrection, les Anglais déjà en possession de nos îles. L'autre partie espère que l’ordre va se rétablir dans les finances, ne prend aucun ombrage des Anglais, et voit, dans la démarche vigoureuse des colons de la partie du nord de Saint-Domingue, la résolution de s'affranchir du despotisme ministériel. Elle ne condamne point dans les francoaméricains ce qu’elle a jugé que les Français ont dù faire.

Le clergé et la noblesse ont opéré la révolution du Brabant : il commence à devenir douteux que le peuple instruit de ses droits se contente de les avoir défendus contre l’empereur. Je ne vous parle point de ce prince : chaque jour on publiait sa mort; enfin, elle est certaine ainsi que [celle] de l’archiduchesse et du géméral d'Alton.

Je crois qu’elle excitera peu de regrets à Paris. On n’enviera point aux Allemands l’empressement à arroser son tombeau de quelques larmes, s'ils croient lui en devoir. Louvois avait fait un mémoire sur les deuils de cour : je doute que celui-ci soit ruineux pour le commerce.

Le 5 au soir. — Nous n'avons pas encore pu aborder la question des treizièmes. Si les finances nous occupent ces deux jours, c'est encore une affaire de la semaine prochaine. Ce soir, l'Assemblée s’occupera de la dénonciation de l'arrêt de la chambre des vacations du Parlement de Bordeaux, faite par l’armée patriotique bordelaise, par un grand nombre de citoyens et par la muxicipalité; la séance sera orageuse.

On parle de semblables arrêts à Toulouse et à Dion.

Je partage bien sincèrement votre affiction sur le malheureux événement qui a terminé la fête civique de dimanche dernier (Arch. Bernay).