Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

104 CORRESPONDANCE DE THOMAS LINDET

XLIX. — Aux officiers municipaux de Bernay. Paris, le 7 mars 1790.

Messieurs, hier, la séance fut presque entièrement occupée de la lecture du mémoire de M. Necker, qui partira au mois de mai pour prendre les eaux. Le mémoire ne valait pas le retardement de la discussion du mode de remplacement de la gabelle.

Les autres ministres ont distribué 17.000 livres de pension, ces derniers jours, entre le commissaire Chesnon et les porte-clés de la Bastille, ce qui leur a attiré une animadversion. M. Necker propose de compter, parmi les indemnités que la nation payera quand elle sera riche, les châteaux brûlés ou pillés, et il a été applaudi.

M. Necker est toujours malade ; et si son médecin ne lui indique pas un bon spécifique pour recouvrer la santé, il n’en indique pas de meiïlleur pour rétablir nos finances.

L'affaire des treizièmes et des lods et ventes fut sur le point d’être terminée vendredi, dans un moment défavorable. Nous parvinmes à la faire ajourner à hier, et on ne peut plus s’en occuper : on abolit seulement hier les gardes nobles, royales et seigneuriales, et on laissa les droits féodaux. Lundi, l'affaire des colonies sera rapportée vraisemblablement et durera longtemps, et je tremble qu'on ne place nos treizièmes dans quelque mauvais quart d'heure.

C'est le premier article des droits féodaux à traiter; mais je crois que, nonobstant que la discussion soit déjà entamée, on pourrait bien faire passer les hallages, minages, péages, havages, etc., qui seront certainement supprimés. Il m'est impossible de quitter la séance, depuis plusieurs jours que je suis aux aguets pour cet article, parce qu’on cherche à le faire passer sans discussion .