Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

- LÉGISLATIVE (13 AOUT 1792) _365 CCXXXII. — Au même. Evreux, le 13 août 1792.

- Mon frère, je me défie de la poste. Votre lettre du 7 a reçu un nouveau timbre à Ecouis; celle du 2 est la dernière, et j'en attends de postérieures avec bien de l’impatience. Dans la région des orages que vous habitez, je crains pour votre santé, je crains pour les accidents et non pour les erreurs du peuple : il connaît ses ennemis,

L’exprès de la municipalité vous a porté notre adresse et une lettre de ma part.

Je suis fâché qu'on vous ait enseveli dans ce Comité de liquidation, Vous étiez nécessaire au Comité diplomatique; mais vous n’auriez pu aider à proposer un décret plus sage et plus ferme que celui qui a été adopté.

Des Suisses devaient arriver à Evreux; M. Grimoard y est arrivé. Hier on a reçu des ordres du général La Fayette qui requiert la moitié des grenadiers. Cette réquisition, l’arrivée des Suisses et celle du commandant étaient combinées avant le 10 août. Cette combinaison peut-elle tranquilliser les esprits? Quel en était le but? La Fayette est-il encore général ? Les citoyens iront-ils servir sous ses ordres? Il n’a pas été condamné, maisil a commis un crime jugé digne de mort. Que l’Assemblée fasse élire les chefs de l’armée, les chefs qui commandent dans les divisions du royaume, ou la consternation égalera les défiances.

. Votre nouveau ministre va sans doute s'occuper de nommer de nouveaux généraux, de nouveaux officiers. Il faudrait établir un mode d'élection. Cependant le civisme des commandants élus n’est rien moins qu'à l'abri des suspicions.

Les manœuvres de Clermont-Tonnerre l’ont donc conduit au supplice qu’il semblait provoquer. Regnaud de Saint-Jean d’Angely a payé bien cher la ridicule manie de se croire quelque chose.