Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

366 CORRESPONDANCE DE THOMAS LINDET

C’est une grande infamie que celle de ces valets de cour,

qui savent payer des gens pour égorger les citoyens, et qui né peuvent que fuir au moment du danger. Il est malheureux que ce soient les Suisses qui aient attaqué et qui aient été exterminés. Les armées suisses nous attaqueront. Ces automates savent mourir et donner la mort; ils ne peuvent entendre raison. Cette guerre sera plus meurtrière que celle avec les Autrichiens. . Je crains que vos lettres ne soient retardées exprès : j'attends le courrier aujourd’hui... Je vous prie de prendre pour mesure, quand vous m'écrirez quelque chose de pressant, de le mettre sous l'adresse de M. Passot et de ne pas faire timbrer de l’Assemblée nationale. J'aime mieux payer le port. J'avais promis de faire quelques courses, je vais écrire que je reste ici.

CCXXXIII. — Au même. Évreux, le 14 août 1792.

Nous sommes bien voisins de Rouen : nous n’en avons des nouvelles sûres que très difficilement. On nous dit : Rouen est en état de guerre, les corps administratifs, les troupes de ligne et la garde nationale liés par un serment à la loi et au roi, les portes fermées; le Havre et quelques autres villes, dans les mêmes dispositions. Voilà la guerre civile dans nos foyers. Si cela est, Rouen voudra conquérir les petites villes des environs. La conquête d'Évreux ne sera pas difficile : les corps administratifs abjureront bien volontiers le serment qu'ils ont fait, leurs émissaires travaillent la garde nationale. Hier, on à voulu mettre en réquisition la moitié des grenadiers, au désir de La Fayette. Plusieurs ont manifesté le désir de combattre pour le roi; presque tous ont fait une violente sortie contre ies Jacobins. On n'est parvenu à aucun résultat.