Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

374 CORRESPONDANCE DE THOMAS LINDET

peuvent être assez habiles pour cacher leurs intentions, mais je crois à la perte de toutes les places commandées par des ci-devant. Je crois que nos armées ne pourront obtenir aucun succès, tant que ces gens-là pourront rendre inutile le courage des soldats. Jamais un plaideur n’invita la partie adverse à plaider sa cause : et pourquoi des gens qui ne veulent pas être du peuple combattraient-ils loyalement pour être du peuple? L'Assemblée nationale croit aux miracles trop aisément...

Est-on sûr des hommes qui commandent à Verdun? L'ennemi peut laisser Metz.

Si une armée pénètre, votre camp de 30.000 hommes ne sera pas formé assez tôt, ni de troupes assez exercées. Vous y aurez envoyé toutes les forces de Paris, et Paris ne sera plus redoutable à l'ennemi.

CCXL. — Au même. Evreux, le 30 août 1792.

Mon frère, les riches peuvent répandre le trouble et la consternation, et entraîner dans des mesures inconsidérées : voilà le danger de la patrie. Si le peuple aperçoit de l’irrésolution dans l’Assemblée, tout sera perdu.

… Les soldats de Longwy ont mérité le mépris, mais leurs chefs ont mérité le supplice. C’est Luckner qui est chargé de les poursuivre. Luckner était aussi chargé de poursuivre le traître Jarry.

La multitude d'hommes qui défilent sans cesse est incroyable, mais s'ils étaient armés, ils se familiariseraient avec les armes.

Quel projet vous m'annoncez (1)! Mais j'espère que les électeurs de l'Eure vous fixeront à Paris. Le poste ne sera pas moins périlleux que la frontière. Je crois que la Con-

(x) Robert Lindet voulait s’enrôler et partir pour la frontière,