Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

CONSTITUANTE (28 NOVEMBRE 1789) 2%

Peut-être se plaindra-t-on un jour de ce qu'on aura sacrifié les villes aux campagnes, le commerce à l’agriculture (1). Le désir de soulager les campagnes et de favoriser l’agriculture fera peut être trop négliger les villes et les campagnes.

Les municipalités des campagnes n'auront rien qui doive vous étonner, lorsque vous voudrez bien penser qu'on désire réunir ou jeter les fondements de la réunion d’un grand nombre de petites paroisses.

La ville de Lisieux a plusieurs députés (2),entre autres M. de la Chapelle, M. de Livet, et non M. Lévêque : ellé aurait pu se dispenser d’une démarche qui n’influera pas sur la décision. Cependant, il est absolument possible qu'il y ait département à Lisieux. Cela est peu probable. On n’est pas d'accord sur la division en 5 ou en 6 : il faut être de bonne foi : l'intérêt général doit l'emporter sur l’intérêt particulier. Bernay n'est pas susceptible d’être le chef-lieu d'un département, mais il le sera infaiïlliblement d’un district, et probablement du département d'Évreux. S'il n’y a que cinq départements en Normandie, on gagnera les frais d'administration d'un département et de ses districts, les frais d’une cour de justice, les frais d’un évêché et d’un chapitre. On perdra trois députés à l'Assemblée nationale.

I1 est indispensable que les décrets soient transcrits sur le registre de l'Hôtel de Ville. D’après les plaintes de l’Assemblée, je suis étonné qu'on n'ait pas fait parvenir officiellement les décrets sur la réformation de la procédure, sur la conservation des bois et des biens des gens de mainmorte.

L'Assemblée a formé un Comité pour veiller à l’exécu-

(1) Th. Lindet reviendra, à diverses reprises, sur cette idée dans sa correspondance. (2) Il s’agit de députés envoyés extraordinairement par cette ville (comme par beaucoup d'autres) pour soutenir ses intérêts auprès de l’Assemblée constituante, au moment de la formation des départements.