Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

CONSTITUANTE (21 DÉCEMBRE 1789) 33

recommandé, mais tous les Comités généraux sont dérangés par le travail des comités des provinces.

Je n’ai point le mérite d’avoir procuré un district à Bernay : il devait en avoir un dans tous les systèmes, excepté dans celui de messieurs les prétendus députés de la moyenne Normandie et du chapitre de Lisieux. Tout ce en quoi j'ai pu servir, c'est d’avoir empêché que Bernay fût du département de Caen, et d’avoir contribué à procurer à Evreux un département meilleur et mieux distribué qu'on ne le proposait. Nos abornements avec Rouen sont posés : ils le seront ce soir avec Caen et Alençon. J'ai proposé la division de notre département en six; mais, quoique la division en sept soit difficile à exécuter avec une égalité d’approximation, je compte la proposer par l'impossibilité de priver Gisors et Vernon de chacun un district. Conches, Beaumont et Breteuil, Les Andelys et Lyons seront les seuls endroits privés de l'avantage de figurer dans l'administration, ainsi que le Pont-de-l'Arche. La position de ces villes et les raisons d'économie forcent à ne pas multiplier les établissements politiques.

Le gouvernement est sans ressort : il n’est pas certain qu’il ait pris des précautions relatives à l'achat des subsistances ; il paraît certain que la ville de Paris en a pris pour son compte. On se persuade que les spéculateurs n'ont pas besoin d’être stimulés pour porter la denrée où elle manque : cette persuasion devrait laisser place à des doutes assez bien fondés. Les spéculateurs sont appelés par le besoin, mais ils savent qu’ils ne faut jamais procurer l’abondance, et ils ne garnissent point à la fois tout un canton. Vos vues sur un approvisionnement pour la consommation de la ville me paraissent infiniment sages ; elles sont une nouvelle preuve de votre vigilance et de votre zèle pour maintenir la tranquillité et la sûreté de vos concitoyens. La loi ne s’oppose point à cette précaution. Les nouvelles administrations, c'est-à-dire la nou-

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