Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

36 CORRESPONDANCE DE THOMAS LINDET

de district et de département. Je doute que celui de la justice puisse être prêt pour paraitre concurremment avec les précédents. Cependant il serait fâcheux, sous un point de vue, de fatiguer par des assemblées multipliées ; sous un autre aperçu, il peut être utile d'habituer les -citoyens aux assemblées et de leur donner la faculté de réfléchir sur leurs choix, ce qu’ils ne feraient pas, si les élections étaient trop nombreuses.

IL se trouvera dans les projets des choses d’une difficile exécution; ces projets seront en partie reformés ; cependant il restera toujours des points infiniment embarrassants. Le temps facilitera les mouvements de ces rouages encore mal engrenés.

Les assemblées, dont la multiplicité et la composition étonnent, sont peut-être le seul moyen de faire sentir au citoyen son existence civile et la nécessité de ses rapports avec ses concitoyens. Sans ces relations multipliées, les habitants des campagnes seront tentés de renier les villes. Cette idée absurde sera bientôt rejetée, lorsque l’ordre sera rétabli et qu’on n'aura plus à se plaindre de l'influence despotique de quelques agents du gouvernement habitant les villes. Si la rivalité des campagnes et des villes subsistait, la ruine de celles-ci serait assurée. Il faut tout attendre du patriotisme et des lumières qu'il fera éclore.

L'impatience de la nation de savoir l'état définitif des finances est très légitime, mais il n’est peut-être pas moins nécessaire et politique que l'embarras, la confusion et même certain désordre subsistent jusqu’à la fin des opérations de l’Assemblée nationale. Nos commettants l'avaient senti, lorsqu'ils nous ont chargés de mettre le dernier le chapitre des finances; il paraît que sur ce point nous nous conformons à leurs mandats.

Il est malheureux de payer aussi cher le crédit d’une compagnie qui n’a d'autre crédit que celui de la nation. Quelque avantageux pour elle que soit le décret de