Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

CONSTITUANTE (31 DÉCEMBRE 1789) 37

l’Assemblée (1), la Caisse d'escompte laisse encore des inquiétudes, ou bien ses administrateurs forment encore des désirs et des spéculations. Je voudrais bien que de nouvelles difficultés de l'impôt forçassent l’Assemblée de juger, qu’elle peut distribuer ses billets d'achat immédiatement dans les mains du public, que cette méthode serait moins coûteuse que celle de les échanger contre les billets de la Caisse d’escompte. Du reste, cette opération de finance, toute défectueuse qu’elle paraît, était à peu près commandée. On est accoutumé aux billets de caïsse : un autre papier-monnaie aurait alarmé. La Caisse d’escompte a rendu des services, et il ne fallait pas la forcer à la banqueroute. En culbutant la Caisse d’escompte, il fallait sur-le-champ rétablir une banque, le papier-monnaie ne pouvant s’allier avec le commerce qu'autant qu'il existe un moyen de le convertir en numéraire effectif. Cet établissement a présenté de grandes difficultés.

Les bénéfices réalisés par les actionnaires de la Caisse d’escompte ne sont pas tout l'intérêt payé par l'État : une partie provient de l’escompte des effets. Je crois que la nécessité d'entretenir la circulation des espèces représentatives, lorsque le numéraire effectif est si rare, doit excuser ce qui se trouve dans le décret de contraire aux principes d’une sévère économie.

Pour tous les bons citoyens, le temps présent est gros de l’avenir. On attend impatiemment le calme qui doit suivre et être le fruit de ces mouvements incalculables dont nous avons été spectateurs. Heureux ceux qui,

‘ comme vous, ont eu l’avantage d’en être les modérateurs et de les diriger vers le bien commun! Vos travaux vous ont mérité la reconnaissance de vos concitoyens, et la révolution rapide des années ne fera point oublier ce que vous avez fait. On jugera aisément de ce que peuvent

(1). Voir le décret des 19 et 21 décembre 1769, concernant la Caisse. d’escompte et portant établissement d’une Caisse de l'extraordinaire.