Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

38 CORRESPONDANCE DE THOMAS LINDET

faire dans des temps faciles des citoyens dont le zèle a eu tant d'obstacles à surmonter. (Arch. Bernay.)

1790

XVII. — À R. Lindef, président du comité électif de la ville de Bernay. Le 5 janvier 1790 (1).

Mon frère, tout presse à la fois et rien n’avance. La division dans l’Assemblée est singulière : la salle est un champ de bataille sur lequel sont rangées deux armées ennemies. Elles ont été en égalité. Cependant, le parti de l'opposition diminue, et il remporte de petites victoires, mais il perd les affaires décisives. Hier, il nous a donné un président, l’intrigant abbé de Montesquiou; mais le même jour, après les débats les plus tumultueux qui aient eu lieu, on a décrété la suspension provisoire du paiement des pensions au delà de 3000 livres. On les paiera jusqu’à la concurrence de cette somme, et jusqu'à 12.000 livres en faveur des septuagénaires. On ne paiera ni les pensions ni les dons, traitements, appointements aux expatriés.

[IL parle ensuite de la division des départements et de la formation de celui d'Evreux.]

La division des départements et des districts sera fort mal faite dans le royaume par l’opiniâtreté et le peu d'intelligence en cette partie d’un grand nombre de ceux qui en sont chargés. On perd le temps, et l'ouvrage, auquel on aura donné un temps infini, sera fait à la hâte et plein de fautes.

… Il existe bien des malintentionnés qui ne désespèrent pas d'empêcher le succès des opérations. Paris est

(1) Cette lettre est scellée d’un cachet de cire noire portant trois fleurs

de lis au centre et les mots : La loi et le Roi, et en exergue : Assemblée nationale.