Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

CONSTITUANTE (10 JANVIER 1700) 43

obstacles qu’elle a rencontrés ni des menaces des ennemis du bien public. Lorsqu'elle a attaqué les privilèges de la noblesse, toute la nation a reconnu que les défenseurs de la patrie n’en doivent pas devenir les oppresseurs ; elle a voulu que l'oppression féodale cessât, et elle a cessé.

Lorsqu'on a attaqué les immunités du clergé, en respectant la religion, on a voulu s'affranchir du joug de la superstition, et ce joug a été brisé.

Les gens de loi ont applaudi; ils ont même sollicité cette heureuse révolution qui affranchit les Français des fers préparés dans des siècles d’ignorance et de barbarie par les nobles et les ecclésiastiques.

Un grand nombre de membres du clergé et de la noblesse ont combattu pour se maintenir dans leurs postes : tous les moyens, la ruse, la violence, les calomnies, les libelles, la disposition du numéraire, le renchérissement des denrées, les menaces, les insurrections, tout a été employé et rien n'a réussi.

Aujourd’hui, le plus grand nombre des ecclésiastiques et des nobles se sont rangés du côté que la justice et le salut du peuple indiquaient; cependant les mêmes manœuvres se renouvellent encore. Le monstre de la chicane serait-il plus difficile à forcer dans ses retranchements que celui de la féodalité ou que celui de la superstition ?

La nation a pu dire aux nobles : vous n'êtes pas les seuls défenseurs de la patrie et vous n’opprimerez plus ceux que vous deviez protéger; elle a pu dire au clergé : vous n’engloutirez plus les richesses dont je vous avais confié l'administration; l’opulence d’une classe d'ecclésiastiques fainéants n’insultera plus à la misère des peuples; et la nation ne pourra pas dire aux gens de loi : vous ne trafiquerez plus de la justice, vous ne dévorerez plus la charge du cultivateur pour en défendre le fossé, vous n’aigrirez plus le plaideur par vos conseils, vous ne