Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

CONSTITUANTE (10 JANVIER 1700) 45

pour empêcher les mouvements de se communiquer à la nouvelle machine.

La comparution des magistrats du parlement de Rennes à la barre de l’Assemblée exhaussera pendant quelques moments le courage du parti de l'opposition. Le président, portant la parole, a dit que le décret portant prorogation des vacances des parlements est arrivé à Rennes lorsque l'exercice de la chambre des vacations était fini, qu’elle n’avait pas qualité pour rendre un arrêt. Ce moyen de forme était une excuse, maïs il a ajouté que l'honneur et la conscience des magistrats bretons ne leur permettaient pas d'enregistrer des lois et des impôts sans le consentement des Etats de Bretagne. Il a parlé de l’assemblée des deux premiers ordres à SaintBrieuc, des cahiers de plusieurs villes, du contrat de mariage d'Anne de Bretagne; il a demandé la convocation des Etats de Bretagne, et il s’est promis que l’histoire parlera de la fermeté des magistrats bretons et que la Bretagne implorera un jour leur zèle pour procurer l'exécution des lois de nos successeurs, qui sans doute feront revivre le règne des privilégiés.

Je vous avoue que je préfère ce ton nerveux au comique larmoyant du parlement de Rouen et aux tons de souplesse du parlement de Metz. Du moïns les magistrats bretons conservent de la dignité dans leur erreur. Je dis dans leur erreur, car les gouvernements sont faits pour les peuples, et non les peuples pour les gouvernements. Ce qui convenait aux peuples abrutis du temps d'Anne de Bretagne ne convient point à notre siècle. Le jugement de ces magistrats n’est point encore prononcé; ils ont trouvé des défenseurs, mais avec quelle supériorité! is sont attaqués; je souhaite qu'ils en soient quittes pour être déclarés incapables de posséder aucune charge publique.

On dit que l'évêque de Bayeux a indiqué une assemblée de son clergé..Cette assemblée serait fort suspecte,