Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

59 CORRESPONDANCE DE THOMAS LINDET

Mais toutes ces affaires particulières nous font perdre un temps immense, et, en retardant le moment où l’ordre sera établi, nous exposent aux effets de l’anarchie. Si les assemblées s'organisent bien, comme il y a tout lieu de le présumer, nour crierons : Terre, terre! Je ne sais ce que les ennemis de la Constitution prétendent. L'ancien ordre de choses ne peut être ramené; celui que l’Assemblée introduit, füt-il mauvais, vaudra mieux que l'anarchie absolue, que la guerre civile. Les défenseurs de l’ancien système en seront sûrement les premières victimes : il faut consentir à être libres, ou répandre son sang pour se forger des fers. Les Français paraissent avoir perdu le goût de l'esclavage.

P.-S. — Le 12, voici encore un nouvel orage : dès quatre heures du matin, on a fait lever toute la garde de Paris, toute la milice bourgeoise est sous les armes. Une foule se portait au Châtelet sous prétexte de demander le jugement de M. de Besenval : on assure que c’est un complot pour procurer l'évasion du marquis de Favras, et que la troupe centrale est gagnée. L'affaire de M. de Favras donne de grandes inquiétudes. La troupe centrale est soldée, et je crois mal à propos suspectée, mais la défiance est mère de sûreté. (Arch. Bernay.)

XXI. — À R. Lindet. Le 13 janvier 1790.

Mon frère, je reçois votre lettre et le mémoire du comité. Je n'ai point le temps de répéter ce que vous trouverez dans ma réponse à messieurs du comité.

[Il s'occupe de la division des départements.]

Il y a deux choses qui inquiètent : le numéraire serat-il longtemps rare? et le blé, toujours cher, ne deviendratil point rare aussi? La solution de ces deux questions