Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

54. CORRESPONDANCE DE THOMAS LINDET

culiers. Lorsque nos idées ont été assurées sur la division du royaume, je ne vous ai point dissimulé que je me renfermais dans des vues modestes pour assurer une existence à la ville de Bernay, telle que sa position l’exigeait; je n’ai point évité la jalousie de vos voisins, et, si je n'avais pas compté sur votre équité, j'aurais pu craindre d'encourir votre blâme pour n’avoir pas porté plus haut vos prétentions.

Je ne suis point étonné des écrits incendiaires qui circulent dans vos environs. Je sais combien il existe d’ennemis de ta Révolution, mais je ne les connais pas; il serait heureux que quelques-uns donnassent assez de prise sur eux pour servir d'exemple aux autres, mais les mauvais citoyens sont industrieux pour cacher leurs démarches, et ceux qui feraient quelque imprudence sont peut-être plus à plaindre qu'à condamner pour avoir été trompés. Il est difficile d'atteindre les auteurs, et d’ailleurs, il est dans nos mœurs de ne pas ensanglanter la Révolution. Les ennemis de la liberté profitent de l’indulgence et la transforment en licence. Aujourd’hui, un député, sans doute désespéré que toutes les commotions tentées à Paris et dans les provinces ne réussissent pas, a tenté une motion infernale. M. Maury, défenseur du clergé et de ses 50,000 livres de rente, a pris le ton charitable pour le pauvre peuple de Paris. et proposé d’anéantir les aides et les entrées de Paris, et de substituer un impôt sur le luxe. On craignait de voir encore le peuple courir aux barrières. La cause a été bien plaidée; on a fait voir l'impossibilité d'éviter la banqueroute, si on supprime les entrées de Paris. On a démontré que l'impôt sur le luxe réduirait 200.000 ouvriers de Paris à la plus horrible misère. Le pauvre diable d'orateur et ses commettants ont été bien plus stupéfaits encore, lorsqu'on à opposé à la motion celle de réduire à 3,000 livres tous les gros bénéfices,et d'employer le reste au soulagement des pauvres pour lesquels il avait employé son éloquence,