Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

68 CORRESPONDANCE DE THOMAS LINDET

qu’ils ont trouvés dignes de leur confiance. Le même esprit aura présidé aux scrutins dont je n'ai pas encore connaissance. Les premiers annoncent que les habitants de Bernay ont recherché ceux qui avaient montré le plus de zèle, de patriotisme, de générosité et de courage dans les circonstances difficiles; il faut espérer sur un meilleur temps.

La démarche du roi auprès de l’Assemblée nationale a réveillé l'enthousiasme public, et atterré l'aristocratie.

J'en ai fait passer le détail à mon frère qui, sans doute, vous en a instruits. À l'exemple de la Commune de Paris, tous les districts s’assemblent dans leurs églises, les hommes, les femmes, les enfants prêtent le serment civique et jettent leur nom dans l’urne et une aumône.

Les grenadiers de la garde nationale, la plus belle troupe qui ait sans doute existé, s’assemblent aujourd’hui, sur le Carrousel, pour prêter le serment : la multitude qui couvrira la place s’unira certainement à cet engagement religieux.

La séance d’hier au soir fut une continuation de ces élans patriotiques; les écoliers des collèges présentèrent des dons patriotiques et prêtèrent le serment civique.

Les volontaires de la Bastille amenèrent un orateur qui nous harangua plus de temps qu'il n’en fallut pour prendre cette citadelle. Ces braves espèrent que le cadavre de l’aristocratie ne ressuscitera plus. Ne possédant rien, ils offrent pour don patriotique la dernière pierre de la Bastilie, qu’ils ont prise, disent-ils, sans s'en apercevoir.

Le Châtelet, en grande cérémonie, fut introduit : ce corps nombreux prêta le serment à la Constitution.

Les circonstances disposeraient à l’indulgence.

On proposa l'affaire des ci-devant juges de la deuxième chambre des vacations du parlement de Rennes; on ordonna qu’ils seraient mis en liberté et qu’ils ne pourraient être relevés de l'incapacité aux fonctions de