Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

70 CORRESPONDANCE DE THOMAS LINDET

d’hui. Les banalités sont enfin comptées parmi les droits féodaux supprimés sans rachat, à quelques réserves près, qui paraissent justes... Le projet est assez bien fait, ce qui lui assurera un grand succès. Cela est avantageux contre les banalités. Maïs cela est un mauvais augure pour les lods et ventes et les treizièmes, que messieurs du Comité ont classés parmi les droits rachetables.

Les Agasse ont été pendus aujourd’hui pour avoir contrefait des billets de caisse, ce qui s’appelle faire de la fausse monnaie.

Je dinais avec deux magistrats du Châtelet, qui se plaignent du travail que nous leur avons préparé et de l’impossibilité dans laquelle nous les avons mis de pendre personne. Je les ai fait convenir que nous aurions besoin d’un épouvantail, mais qu'il était très heureux qu’on eût rendu presque impossibles les exécutions pour crime de lèse-nation. L'affaire de M. Favras ne se termine pas.

Je vous renouvelle bien sincèrement mes félicitations sur la composition de votre municipalité (1). Ces premières élections annoncent l'esprit qui devait présider aux dernières. Je souhaite qu’un premier choix ne nuise pas à un second.

XXXIII — À R. Lindet. Le 10 février 1790.

Mon frère, sous peu de jours, je vous enverrai une Adresse aux provinces dont la première lecture a été

(1) Robert Lindet, son frère, venait d'être nommé maire de Bernay, le 3 février, par 217 voix sur 320 votants. Le ro février, Buschey des Noës, collègue de Lindet, envoyait aussi ses félicitations à la nouvelle municipalité. Dans sa lettre, nous relevons le paragraphe final :

«Nous manquions tous de liberté, messieurs; vous, plus particulièrement que beaucoup d'autres, manquiez de pain : nous en gémissions, et la tranquilité ne rentra dans nos cœurs que quand nous apprîimes que l'avance des citoyens aisés, l’active prévoyance de plusieurs, le courage de votre chef, eurent assuré la subsistance dans une ville qui nous est chère. » (Arch. Bernay.)