Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

CONSTITUANTE (10 FÉVRIER 1700) 7E

faite aujourd’hui. L’évèque d’Autun, hué bien des fois par ses confrèrres nobles et évêques, leur fait payer en gros et bien cher tous leurs sarcasmes. Il est le rédacteur de ce morceau, que vous jugerez digne de la Révolution (1). C'est le coup de grâce pour l'aristocratie agonisante depuis l'apparition du roi à l’Assemblée nationale : il a fallu beaucoup plus de temps pour applaudir cette adresse que pour la lire. Un côté de la salle a cependant écoute avec un silence plus morne que modeste. Plusieurs même ont quitté la salle et n’ont pu soutenir la lecture entière. Vous la soutiendrez, je l’espère.

C'est une chose singulière que tout tourne contre ces messieurs. Ils étaient comme des forcenés ces jours derniers ; ils ont exagéré les relations du Quercy, du Périgord, de la Bretagne. Dans ces provinces, on à abattu quelques girouettes, arraché quelques bancs seigneuriaux des églises, qu'on a brûlés sur la place en dansant autour. On a même allumé quelques châteaux, mais on les a presque à l'instant éteints. Ces messieurs voyaient partout la guerre civile, des armées de 4, de 6, de 20 mille hommes, il leur fallait des décrets foudroyants. On leur a rappelé celui du 10 août: ils n’en étaient pas contents. Ils ont demandé une Adresse ; on leur en a fait une. Je suis persuadé qu’ils brüleraient cinquante châteaux, si l'Adresse pouvait être consumée dans leurs cendres. Ils se sont enferrés. La lecture au prône en sera ordonnée. Je vous invite à la faire annoncer par le son de la cloche, ou lire à heure de sermon. Je vous fais cette observation d'avance, parce qu'au moment de l’envoi, je n'aurai pas le temps de la faire et qu'il est intéressant que tout le monde l’entende. (Papiers R. Lindet.)

(x) Moniteur, III, 340 et 352.