Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

72 CORRESPONDANCE DE THOMAS LINDET

XXXIV. — Aux officiers municipaux de Bernay. Paris, le 13 février 1790.

Messieurs, j'ai eu l'honneur de vous adresser une lettre de félicitation avant que toutes les élections fussent consommées : j'étais bien certain que nos concitoyens rendraient hommage à vos lumières et à votre patriotisme.

J'ai reçu avec toute la sensibilité possible les témoignages d'estime et de confiance dont vous m’honorez, et je m'estimerai toujours très heureux de correspondre avec un corps honoré du suffrage de la commune, et dont je respecte et affectionne chacun de ses membres. Je me ferai toujours un devoir de vous avertir de ce qui pourra intéresser la chose publique, et notamment la ville de Bernay, et je me tiendrai fort honoré des ouvertures que vous me ferez.

M. des Noës, aussi fixement attaché aux principes qui ont sauvé la France, aussi dévoué aux habitants de Bernay, désire se réunir à moi pour entretenir cette correspondance en commun. Je suis persuadé que vous applaudirez à cette réunion d'efforts pour vous prouver notre dévouement à notre commune patrie.

Nous aurons l'honneur de vous faire parvenir incessamment une carte authentique du département d'Evreux divisé en districts. L'Assemblée nationale a laissé à l'assemblée du département la faculté de juger s’il doit être divisé en un plus grand nombre de districts : nous avons cru que la province de Normandie, qui paye presque le dixième des impôts, devait économiser sur les frais d'administration ; qu’une province dont les habitants laborieux, occupés de leurs propres affaires, souffriraient diffcilement d’être distraits de leurs spéculations, offrirait un petit nombre d’administrateurs, et qu’il ne fallait pas multiplier les compagnies administratives, si on ne voulait pas s’exposer au danger de concentrer les autorités