Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)

ÉTUDE PSYCHOLOGIQUE 99

lieu qu’auprès de la cour d'Autriche, et La Fayette, y faisant allusion, doit être informé qu’elles sont possibles ou qu’elles se sont antérieurement produites, ce qui confirme le sens des propositions d’arrangement qu'il a envoyées lui-même le 26 mai à l’étatmajor de la coalition. S'assurer de la personne du roi comme suprême garantie contre le changement de la constitution dans le sens républicain, telle est son unique et dernière préoccupation.

De là le projet d'enlèvement à Compiègne, qu’il fait proposer au roi le 8 juillet et qu’il fait renouveler le 3 août par La Rochefoucauld. Le roi lui fait répondre qu'il ait à s'occuper de « bien faire son métier de général! ». De tous ces projets, soigneusement dissimulés, quelque chose cependant revenait à Luckner, qui, questionné le 17 juillet à un diner chez Gobel, évêque de Paris, après la fête de la Fédération, ne put dissimuler complètement ce qu'ils avaient de suspect. Depuis que le bruit des derniers actes de La Fayette se répandait en France, les pétitions arrivaient de toutes les provinces à l’Assemblée pour réclamer la mise en accusation du général factieux. À la fin de juillet, quand le manifeste de Brunswick fut connu, il y eut une double clameur : la déchéance du roi et l'arrestation de La Fayette. Les partis de résistance dans l’Assemblée se sentirent sous la menace suprême et, quoique impuissants à réagir contre le mouvement général de l'opinion, se groupèrent pour jeter un dernier et imprudent défi à la nation; 406 voix contre 224 déclarèrent, le 8 août, qu'il n’y avait pas lieu de mettre La Fayette en accusation. Le parti constitutionnel sombra ce jour-là sous les huées, et

1. Histoire parlementaire, XNIII, 249.