Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)

NOTICES SUR LES DOCUMENTS INÉDITS 111

fin d'octobre 1792, entreprirent dès lors de se maintenir en correspondance avec leur général et de travailler à sa délivrance. Ce fut une lutte de cinq années, dont les principaux acteurs sont, dès la première heure, Louis Romeuf, qui d’abord en Angleterre et plus tard, en 1797, à l’armée d'Italie, mérita par son dévouement d’être presque le libérateur ; puis La Colombe, que nous reverrons à toutes les crises, dépositaire de la pensée et de la correspondance du prisonnier; puis Masson et Pillet, qui, à Hambourg et en Angleterre, concentreront les renseignements et fourniront des documents aux membres du parlement et à la presse anglaise en faveur de La Fayette; puis d’Arblay et Cadignan, dont les noms vont revenir _ plusieurs fois dans la correspondance; puis d’Agrain, qui en 1797 publiera une //éroïde sur la captivité de La Fayette; enfin, les tout jeunes, Alexandre et Victor Romeuf, Victor et Charles de La Tour-Maubourg, aimés du général comme ses enfants, le dernier destiné à devenir son gendre. D’Arlon, les prisonniers, passant de la domination autrichienne à celle de la Prusse, furent dirigés par la vallée de la Moselle, Luxembourg et Trèves, sur Coblentz, où ils arrivèrent le 15 septembre. Le lendemain La Fayette pourra écrire une dernière lettre à M"° d’Hénin, etil sera ensuite, pendant six mois, privé de toute communication avec le dehors. De Coblentz on leur fit descendre par bateau le Rhin jusqu'a Wezel, en Westphalie, à cinquante et un kilomètres en aval de Dusseldorf. Ils restèrent dans la prison de Wezel du 18 septembre au 31 décembre 1792, et de là furent transportés dans des charrettes de paysans jusqu'à Magdebourg, forteresse prussienne sur l’Elbe, capitale de la Saxe, à cent cinquante kilomètres de Berlin. Ils y arrivèrent le 4 janvier 1793 et n’en partirent que le 4 janvier 1794 pour Neisse, à l'extrême frontière

de Ia Sibérie.