Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)

NOTIGES SUR LES DOCUMENTS INÉDITS 121

coalitionnaire ». La logique l’y pousse; le sentiment défavorable à la démocratie le retient; mais il avoue son embarras. C'est celui qu'éprouvaient à la même heure ses amis anglais’ Fox, Fitz-Patrick, « obligés de démontrer qu'ils sont également éloignés de la tyrannie anarchiste et de la tyrannie couronnée » (lettre XXVII); c'est celui dans lequel il s’est trouvé le 19 août 1792, et il se rappelle que déjà à ce moment il a reculé devant le choix par raison de sentiment, par antipathie contre la démocratie telle qu'il la voit en France : «Je ne pouvais, dans ma situation, que sanctionner leur scélératesse, ou tout quitter. » (Lettre XIT.)

Encore si la cause populaire avait été représentée en France comme en Amérique ou en Angleterre! (lettre XII et lettre V). Ce retour et cette comparaison nous montrent combien peu La Fayette était préparé à admettre une république démocratique, puisqu'il pense en trouver le type dans ces deux exemples de bourgeoisie privilégiée qui se présentent à son souvenir. Mais il est à son honneur que l'alternative dont nous parlons se soit 1mposée à lui comme un cas de conscience dans sa prison. Les passages inédits où nous en trouvons la trace et le développement psychologique sont d'autant plus précieux. Les éditeurs des Mémoires ont voulu dérober ces signes honorables d’une lutte intérieure, et l'on s’explique ainsi la suppression, en 1838, des passages qui s'y rapportent dans les lettres VI, XT, XII, XXV. On comprend moins les additions de passages qui ne sont pas dans le texte, comme celui qui est relatif au roi de Prusse (lettre VI, p. 218, n. 1), et celui qui est relatif aux relations de M"° d’Hénin (lettre IV, p. 203, n. 4).

Il n’y a pas lieu de prendre pour une faiblesse de La

1. Cf. Gn. ne Rémusar, l'Angleterre au dix-huitième siècle, t. II, p.522. — Sur Fox, cf lettre IV, p. 204, et notice sur la lettre XXVII.