Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)

122 CORRESPONDANCE DE LA FAYETTE

Fayette le passage où il dit, en parlant des coalisés : « Tächez cependant, puisqu'ils exercent leur juridiction sur nous, de faire commuer notre peine en celle du bannissement. » C’est une plaisanterie comme il en échappe parfois à nos prisonniers ; ils ne demandaient qu’à être bannis d'Allemagne, quoiqu’ils refuseront de souscrire d’une facon absolue à cette condition lors de leur sortie d'Olmütz.

On voit poindre, à la fin de cette lettre VI, la première conception d’un plan d'évasion qui paraîtra plus avancé dans une lettre du 24 octobre 1793. « Ne croyez pas, dira-t-il à Me d'Hénin, que les moyens étrangers puissent parvenir jusqu’à moi. Il a fallu organiser une machine extrémement compliquée dont il (Archenholtz, directeur de la Minerva à Hambourg) tient un fil et dont l’autre est dans des mains... En un mot, ce n’est que par les efforts d’un dévouement inouï que le succès a été possible, et à présent il est immanquable, si l’on a ce que M. Archenholtz demande en mon nom. » Ce plan n’aboutit pas, à cause du redoublement subit de surveillance signalé au début de la lettre XI. Il ne fut renouvelé

que l’année suivante (8 nov. 1794) à Olmütz.

VII. — La lettre du 23 juillet 1793, ayant été écrite sous la surveillance de l'administration prussienne, doit, comme toutes les lettres ouvertes, n'être pas prise à la lettre. La Fayette a une habile façon de dire que s’il n’est pas plus malade, cela ne tient pas aux bons traitements qu’il reçoit, mais à ce qu’une heureuse obstination de sa santé est devenue plus forte que ses maux. La police prussienne a laissé passer cette rédaction. L’a-t-elle comprise? Plus loin, il fait allusion à l'Amérique, « ce pays

vertueux et vraiment libre, qu’il regarde comme sa vériD S

1. Cf. Cnaravay, tbid,, p.583.